Hypersomnie et maladie psychiatrique


Rédigé par Pierre et publié le 13/02/2015

Psychiatrie et hypersomnieSignes cliniquesBilanPrise en chargeForme clinique particulière

Psychiatrie et hypersomnie

dépression
L’hypersomnie liée à un trouble mental est caractérisée par une plainte de somnolence diurne avec un handicap fonctionnel précis :

  • rentrant dans le cadre d’une pathologie psychiatrique avérée comme une dépression majeure ou une dysthymie (dépression chronique caractérisée par un trouble mineur mais constant de l’humeur de type dépressif)
  • sans qu’un trouble spécifique du sommeil ou que la prise d’une substance ne puissent l’expliquer

Les causes psychiatriques de l’insomnie chronique sont fréquentes, mais l’imputabilité d’une pathologie psychiatrique dans la cause d’une somnolence diurne objective est rare.

En présence d’hypersomnie psychiatrique, un trouble de l’humeur, une dépression majeure ou une maladie bipolaire sera le plus souvent rencontré. Il faudra toujours avoir éliminé au préalable l’implication des psychotropes potentiellement sédatifs dans la cause de l’hypersomnie.

La somnolence peut en effet être un symptôme précurseur, associé ou résiduel de la dépression ou un effet secondaire d’un traitement antidépresseur.

Signes cliniques

À la différence des autres causes d’hypersomnies et notamment de l’hypersomnie idiopathique de diagnostic différentiel parfois difficile, la plainte de somnolence est variable d’un jour à l’autre et s’associe le plus souvent à une plainte d’insomnie.

Cette association hypersomnie et insomnie peut faire évoquer un trouble de l’humeur, mais ceci est aspécifique car retrouvé aussi au cours du syndrome d’apnées du sommeil et du syndrome d’impatience et de mouvements périodiques des membres, avec une anamnèse toutefois bien différente.

Bilan

Un entretien psychiatrique, plus ou moins accompagné de l’utilisation d’une échelle d’évaluation quantitative sera nécessaire pour affirmer l’origine psychiatrique de l’hypersomnie.
enregistrement polysomnographique
Cette origine psychiatrique est le plus souvent un trouble de l’humeur : dysthymie ou réelle dépression majeure.

Il faut confirmer le diagnostic d’hypersomnie par les tests itératifs de latence d’endormissement et aussi éliminer le diagnostic différentiel plus fréquent d’asthénie-clinophilie (la clinophilie se caractérise par un temps excessif passé au lit sans augmentation du temps de sommeil).

En effet, la plupart des études réalisées chez des patients psychiatriques avec une plainte d’hypersomnie, démontrent que ceux-ci ne dorment pas plus que la normale de façon objective.

L’enregistrement polysomnographique éliminera aussi une autre cause de somnolence et notamment un syndrome d’apnées du sommeil fréquent chez des patients polymédicamentés prenant souvent des benzodiazépines potentiellement aggravants.

Un enregistrement du sommeil pendant 24 heures peut aussi se discuter du fait des mêmes limites du TILE que dans l’hypersomnie idiopathique (voire la partie «hypersomnie idiopathique»).

Prise en charge

La prise en charge de la cause, à savoir le trouble de l’humeur ou du moins le trouble psychiatrique, devra être envisagée en première intention.

Un sevrage ou une substitution d’un traitement potentiellement sédatif pourra aussi se discuter.

Enfin, une aide par des stimulants de la veille en cas d’hypersomnie objective pourra être discutée au cas par cas.

Forme clinique particulière

Un cas particulier est à préciser, celui de la dépression saisonnière autrement appelée « Trouble Affectif Saisonnier ».

Ce trouble apparaît chaque année vers septembre-octobre dans l’hémisphère Nord et se termine dès l’arrivée du printemps.

Il est caractérisée par une anxiété, une irritabilité, un tristesse de l’humeur, une boulimie sucrée, une prise de poids ainsi qu’une hypersomnie.

Cette hypersomnie n’est parfois que comportementale avec un allongement net du temps passé au lit sans véritable somnolence objective. Celle-ci peut de plus s’associer à un mauvais sommeil de nuit.

Un traitement par la lumière (photothérapie ou luxthérapie) est le plus souvent efficace dans cette indication.