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Rédigé par Delphine W. et publié le 20/02/2017

Viande sel dormir

Les paupières lourdes, des difficultés de concentration, le « coup de barre » de l’après-midi, sont autant de signaux attribuables à la somnolence suivant le repas (appelée également somnolence postprandiale). Cet épisode de ralentissement du cerveau est bien connu de tous. Au-delà d’un manque de sommeil nocturne, le contenu et la diversité de nos assiettes ne seraient-ils pas également responsables de ces effets ?

La somnolence après le repas : un phénomène universel

Du point de vue du cycle circadien, il est naturel d’avoir une phase de diminution des capacités d’éveil après un repas. Ajoutés à cela, des effets directement liés à l’alimentation peuvent être relatifs à un désir de somnolence plus accablant.

A savoir ! Le rythme circadien est défini par l’alternance entre la période de veille (sommeil) et la période d’activité (éveil). Il s’agit de la régulation de notre horloge interne. Chaque individu a son propre rythme circadien qui dure environ 24 heures.

La digestion est similaire quel que soit le type d’aliment. Néanmoins, tous les aliments n’affectent pas le système hormonal et les phénomènes chimiques, associés au système digestif, de la même manière. En effet, des aliments particuliers seraient susceptibles d’entraîner un endormissement postprandial plus important.

La consommation de viande et de sel en cause

Des chercheurs de « The Script Research Institute » se sont alors penchés sur la question, et sur le lien potentiel entre la prise d’un repas copieux le midi et les risques de somnolences après le repas. Ces études, menées sur des drosophiles, ont permis de mettre en évidence que la consommation d’un repas riche en protéines animales et en sel favorisait l’endormissement.

A savoir ! Les drosophiles sont des petites mouches, très attirées par le vinaigre et les fruits fermentés. Elles sont de couleurs rougeâtres et sont surtout connues pour leur rôle en tant que cobayes dans les laboratoires pour les découvertes de génétique.

Grâce à un système permettant de mesurer à la fois le sommeil et les comportements associés à l’alimentation de l’animal, ces scientifiques ont constaté que les mouches dormaient davantage à la suite d’un repas riche. De plus, certains types de nutriments, voire certaines catégories d’aliments, augmentaient la somnolence après le repas. En utilisant un système de traçabilité du suivi alimentaire de l’animal et de ses réactions physiologiques, une relation entre la consommation de viande et l’endormissement plus intense a été révélée. Afin de confirmer ce constat et d’en déterminer les nutriments potentiellement à l’origine d’une somnolence postprandiale, les scientifiques se sont intéressés de plus près à la consommation de viande, de sel et de sucre. Il s’est alors avéré que seule la consommation de viande et de sel ait des effets somnolence après ingestion.

Un intérêt particulier s’est alors orienté vers les mécanismes neuronaux à l’origine de l’endormissement après la prise d’un repas. Avec l’aide d’outils génétiques, des constats ont été faits quant à la présence d’un nombre conséquent de neurones contrôlant les réactions physiologiques, et notamment l’endormissement après s’être alimenté.

A savoir ! Les neurones sont des cellules à la base du système nerveux, capables de recevoir, d’analyser et de fournir des informations à l’organisme. Ces informations peuvent alors concerner les muscles, les organes fonctionnels, le système hormonal, et autres.

Une étude précédente a également montré que les neurones sécrétant des Leucokinin, un neuropeptide myotropique (soit un composé chimique émis par le neurone et ayant une action directe sur la fibre musculaire), pouvaient être impliqués dans la régulation de la somnolence postprandiale. En effet, la combinaison d’une protéine spécifique (notamment issue d’une alimentation en viande) avec un récepteur des Leucokinin, initie l’endormissement après la prise d’un repas. Il s’avère alors que la consommation de viande (protéines animales) ait une influence positive sur l’action de ce système neuronal.

Ceci est d’autant plus intéressant que les mécanismes neurologiques utilisés par les drosophiles, dans ce contexte, sont similaires à ceux de l’Homme.

Un repas copieux peut alors augmenter, de façon plus ou moins importante, la durée d’endormissement postprandiale. Cette dernière étant généralement comprise entre 20 et 40 minutes après la prise d’un repas.

Delphine W., Ergonome spécialisée en santé au travail


Sources :
Why Do I Feel Tired After Eating? Anna Schaefer, Health Line, 18 mars 2015
Protein, salt, drive post-meal sleepness, Keith R. Murphy and al., ScienceDaily, 22 novembre 2016
Drowsy after lunch? Don’t worry – it’s natural, Phyllis Korkki, The New York Times, 20 août 2007

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